Question d’actualité posée par Catherine Bruno au Conseil de Paris le 20 octobre 2008
Monsieur le Maire,
Contrairement à vous, semble-t-il, nous sommes heureux de constater que l’application du service minimum d’accueil lors des grèves de jeudi dernier à Paris, s’est plutôt bien déroulée, malgré les craintes que l’on pouvait avoir. Nous notons que l’académie est assez satisfaite de son fonctionnement et salue en ce sens le travail de la mairie. Toutes les réactions des familles nous témoignent aussi de leur satisfaction de pouvoir enfin bénéficier, lorsque c’est nécessaire, d’un service minimum d’accueil dans les écoles.
Le test s’est donc montré concluant : le rectorat est satisfait, les parisiens aussi. Dans ces conditions, nous ne comprenons pas pourquoi, Monsieur le Maire, vous vous acharnez à dire partout que le SMA est une mauvaise loi et que celle-ci n’a pas fonctionné, mais par-dessus tout, il est impossible de comprendre votre refus de l’appliquer.
Comment pourtant contester qu’il s’agisse là d’un progrès ? Comment nier que cette loi est bénéfique pour les familles ?
Le SMA, c’est précisément un service minimum, qui doit assurer la continuité du service public, il n’a pas pour ambition de se substituer à une journée scolaire normale. Mais, il a vocation à répondre aux attentes de ces familles aux revenus modestes, à ces familles monoparentales aussi qui sont nombreuses à Paris et qui ne peuvent se permettre de prendre un jour de congé lorsque les enseignants se mettent en grève- aussi légale soit elle.
Vous envoyez là, Monsieur le Maire, délibérément un message de désintérêt et d’abandon à ces familles de parisiens qui ont absolument besoin du SMA en temps de grève et que vous poussez à se perdre comme chaque fois dans les aléas du système D ?
Vous disiez, au dernier conseil de Paris, vouloir appliquer la loi dans un esprit républicain, mais, aujourd’hui, vous faites volte-face, vous faites preuve d’un véritable « cynisme », pour ne pas dire de « mauvaise foi », en laissant les parisiens à leur sort pour satisfaire d’autres ambitions que vous considérez plus grandes.
La chose est simple : vous préférez user de la surenchère partisane auprès des militants socialistes plutôt que de vous soucier du quotidien des parisiens.
C’est vrai, pour votre défense, qu’il y a dans votre politique une forme de schizophrénie, car vous êtes tiraillé entre deux réalités :
- d’un côté, vous teniez un discours pour les parisiens, en affirmant être prêt à appliquer strictement la loi sur le SMA, mesure qui bénéficie directement aux parisiens qui l’approuvent très largement. Vous ne pouviez donc pas faire autrement que de le mettre en œuvre, tout en espérant qu’il ne fonctionne pas. Or, Monsieur le Maire, ça marche, et plutôt bien, puisque seules 2 écoles étaient fermées à Paris lors de la grève du 16 octobre. C’est bien la preuve que ça change. Et c’est ce qui vous met aujourd’hui dans l’embarras, car
- d’un autre côté, au sein de votre propre majorité municipale, vous êtes soumis à la pression de groupes qui vous réclament la non application de la loi. Comment pouvez-vous cautionner, Monsieur le Maire, que des membres de votre majorité en arrivent à de telles extrémités ?
Au sein du parti socialiste et de ses réseaux syndicaux, ce sont ces responsables qui vous reprochent de mettre en œuvre le SMA à Paris. Compte tenu de vos nouvelles ambitions nationales, nous pouvons comprendre que cela vous mette dans une situation délicate.
Sachez cependant que nous déplorons avec force que des élus de votre parti puissent se montrer à ce point ambigus pour des raisons bassement politiciennes. Nous ne pouvons admettre que vous renonciez à appliquer la loi et comment pouvez-vous en être réduit à abandonner vos convictions républicaines ?
Monsieur le Maire, alors qu’un préavis de grève a été déposé par FO pour le jeudi 23 octobre, nous espérons que vous reconsidérerez votre position et que vous ferez en sorte que le SMA fonctionne comme il le doit. Dans cette perspective, monsieur le Maire, si le soutien venait à manquer dans votre camp, sachez que vous aurez toujours le nôtre et celui des parisiens.